Éducation et formation professionnelle : le gouvernement applique la feuille de route du MEDEF 

Les arbitrages ont été rendus concernant l’apprentissage et la formation professionnelle des salarié-e-s

Comme on pouvait le craindre, le ministère a suivi les préconisations du MEDEF avec par exemple le financement au contrat d’apprentissage, des facilités pour l’ouverture ou la fermeture des CFA (centres de formation d’apprentis) qui ne sera plus dépendante d’autorisations publiques, la possibilité pour les entreprises de conclure un contrat tout au long de l’année, la possibilité de rompre un contrat sans le recours aux prudhommes, la semaine de 40h dans la construction et l’autorisation du travail de nuit pour les mineurs dans le secteur de la boulangerie…

Les branches professionnelles auront la main sur les certifications et les référentiels professionnels, ce qui était dévolu à une commission associant l’éducation nationale, les syndicats ouvriers, et les organisations patronales.

L’objectif est de  faire baisser mécaniquement le lien entre le salaire et la qualification puis le lien entre la qualification (transformée en compétence non transférable) et le niveau de rémunération.

Quelles évolutions pour le LP ?

Les annonces concernant l’enseignement professionnel sous statut scolaire seront publiques vendredi prochain. Et les menaces contre l’enseignement professionnel sous statut scolaire sont grandes. Si le gouvernement suit les préconisations du MEDEF, ce serait la mutualisation des plateaux techniques entre CFA et les lycées professionnels et entre enseignants-es et formateurs, la multiplication des parcours mixtes et des sections mixtes entre apprentissage et enseignement professionnel. Il serait question d’implanter une section d’apprentissage dans chaque LP, en particulier dans des « campus de métiers »  C’est une attaque sans précédent contre nos statuts.

Des réformes orientées par les grands groupes et les institutions libérales.

Les réformes conjointes dans l’éducation et la formation (réforme du lycée, du bac, parcoursup) sont au service des besoins des entreprises, dans le contexte actuel économique et suivant les orientations impulsées depuis des années par les grands groupes et les institutions libérales.

D’après une note des chercheurs du CEDEFOP (centre européen pour le développement de la formation professionnelle), «Au cours des dernières décennies, un certain consensus a été atteint dans la littérature sur le fait qu’à côté d’une tendance générale à l’expansion des emplois hautement qualifiés, on note une polarisation du marché du travail dans la plupart des économies développées» (Ranieri et Serafini, 2012, p.49) L’OCDE résume : «les travailleurs hautement qualifiés sont nécessaires dans les emplois technologiques; les travailleurs faiblement qualifiés sont utilisés pour des services qui ne peuvent pas être automatisés, digitalisés ou délocalisés, comme les soins aux personnes; et les qualifications intermédiaires sont remplacées par la robotique intelligente» (OCDE, 2012a, p.21).»

Les besoins nouveaux sont donc d’après eux ceux d’emplois qualifiés et bon nombre d’emplois sans qualification : emplois voués à la précarité et pour lesquels d’après eux il n’est pas besoin d’investir dans la formation et l’éducation «tous n’embrasseront pas une carrière dans le dynamique secteur de la « nouvelle économie » – en fait, la plupart ne le feront pas – de sorte que les programmes scolaires ne peuvent être conçus comme si tous devaient aller loin» (OCDE, 2001, p.30). »

Tout le système éducatif est repensé pour servir les intérêts de cette nouvelle économie : A la « bipolarisation des emplois » on va répondre par la « bipolarisation de l’éducation » et par une école à plusieurs vitesses. . 50 ans après mai 68, c’est en marche arrière toute sur la relative démocratisation de l’éducation!

La CGT Éduc’action refuse ces projets proprement réactionnaires et les combattra. Elle appelle dès maintenant les personnels à construire la mobilisation .

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