La mission Mathiot a remis son rapport sur la réforme du lycée général et technologique le 24 janvier. Le texte préconise de supprimer les séries et de créer un lycée modulaire, avec une seconde générale (avec spécialisation au 2ème semestre), et une 1ère et terminale constituées d’un tronc commun de disciplines (autour de 15h en 1ère et 12h en terminale) et d’une unité de spécialisation avec des couples de disciplines « majeures » à choisir parmi des binômes définis nationalement ainsi que de 2 « mineures ».
Le baccalauréat serait constitué, outre l’épreuve anticipée de français en fin de 1ère, de 2 épreuves en terminale au printemps portant sur les 2 majeures, l’épreuve de philosophie et un oral pluri disciplinaire en juin. Pour les disciplines du tronc commun, une dose (ou non) de contrôle continu et/ou des épreuves ponctuelles anonymées corrigées par les enseignant.es de l’établissement. Le contrôle continu compterait pour 40% de l’examen.
Ce projet est construit au service de la sélection à l’entrée de la licence. En effet, les majeures, dont les résultats des évaluations seront connus au moment des réponses des universités sur Parcoursup, permettront de contrôler les « attendus » exigés pour sélectionner à l’entrée en licence.
Loin d’un enseignement général commun à toutes les séries, avec des heures d’approfondissement dans certaines disciplines, ce que revendique la CGT Éduc’action. Le tronc commun du projet ne sera qu’un alibi cachant une hyperspécialisation.
Il s’agit bien de spécialiser et d’orienter les élèves dès la 1ère.
Le projet tourne ainsi le dos à un lycée émancipateur et va aggraver les déterminismes sociaux déjà à l’œuvre actuellement dans le choix des séries, entre les élèves des milieux favorisés, qui sauront choisir les bonnes majeures en fonction des « attendus » de Parcoursup et les autres.
Il risque également d’accroitre les disparités territoriales entre les établissements en mesure de proposer tous les duos de majeures et les autres, d’autant plus que des « majeures d’établissement » pourraient être proposées.
Quant au baccalauréat, sa vocation de 1er grade universitaire serait gravement remise en cause. Avec seulement 60% d’épreuves nationales, la valeur dépendra un peu plus de l’établissement des élèves.
Le ministre devrait rendre ses arbitrages le 14 février. Il est urgent de se mobiliser contre ce projet.