Monsieur le Ministre,
Nous avons appris il y a un peu plus d’un mois la suppression brutale, sans préavis et sans concertation, de classes de Bac Pro GA ou, dans certains établissements de notre académie, la diminution des capacités d’accueil.
Ce sont près d’une centaine de places de moins qui seront proposées aux élèves de troisième souhaitant s’orienter vers la filière tertiaire de la voie professionnelle.
Notre organisation a été reçue en audience par le rectorat de l’académie le 6 février dernier.
Cette rencontre a permis de dénoncer la brutalité extrême du procédé, de soulever les craintes et inquiétudes tant pour le devenir de la filière GA que pour celui des quelques 179 collègues de la discipline dans notre académie, sans oublier les collègues des disciplines générales, forcément impactés par ces suppressions. Mais aucune réponse ne nous a été donnée et nous avons pu comprendre que ce choix, sur ce Bac Pro, relève d’une orientation nationale au prétexte d’une mauvaise insertion professionnelle…
Et s’agissant des collègues directement impactés par ces mesures, le rectorat nous a fait savoir que les services étaient « en train de réfléchir à un accompagnement des collègues ».
C’est donc uniquement après avoir appliqué une décision, que le Rectorat en analyse les conséquences !
Pourquoi ne pas avoir réfléchi en amont à l’impact de ces suppressions qui vont bouleverser la vie de très nombreux établissements, et vont avoir des conséquences sur la vie personnelle des collègues ainsi que sur leur avenir professionnel ?
Nous avons rappelé les nombreuses suppressions de postes au moment du regroupement des Bac pro secrétariat-comptabilité et la situation de collègues TZR toujours en attente d’un poste fixe.
Monsieur le Ministre, cette situation est inadmissible et est le signe d’un profond mépris tant à l’égard des élèves que l’on va continuer d’orienter vers un baccalauréat que votre ministère considère quasi officiellement comme caduque, que des personnels de la voie professionnelle, particulièrement celles et ceux de la filière administrative.
Nous voulons vous rappeler que le Bac pro GA a été créé suite au regroupement des filières secrétariat et comptabilité et que l’argument utilisé à l’époque était justement la non insertion professionnelle. Nous avions dénoncé cette création qui aboutissait à une déqualification des métiers.
En outre, le Bac pro GA construit autour des compétences a demandé un énorme travail de formation et d’investissement aux collègues avec des conséquences souvent douloureuses tant cette réforme a été chronophage et source de stress dans les équipes pédagogiques.
Pour autant la finalité n’a jamais été claire et cette réforme a abouti à une déprofessionnalisation de la formation.
Or, aujourd’hui, votre ministère prononce unilatéralement l’échec de cette formation, toujours au nom de cette même absence d’insertion professionnelle. Sur quelles études se fonde le ministère, sur quels chiffres ? Nous n’avons pas eu de réponse.
L’impact sur les personnels est énorme. Aucune information ne leur a été adressée pour les informer du risque de perte de poste et des mesures envisagées. D’ailleurs rien n’est actuellement prévu puisque le rectorat « réfléchit » !
Et nous ne pouvons qu’être très réservés devant les « solutions » envisagées par le Rectorat de Toulouse qui préconiserait des Compléments de service, afin d’éviter les suppressions de postes. Les compléments de service ne font qu’aggraver la situation des collègues. Et qu’en sera-t-il quand les montées pédagogiques rendront les suppressions de postes inéluctables et que les collègues se trouveront donc encore plus en concurrence ?
Faut-il rappeler que l’académie de Toulouse est la plus grande de France métropolitaine ? Ni le ministère, ni le rectorat ne semble se soucier du devenir et de l’impact sur la vie personnelle d’enseignant-es ayant déjà fortement fourni d’efforts pour, en très peu de temps, s’adapter aux réformes successives (Bac pro 3 ans, fusion des bac pro tertiaire et mise en place du Bac pro GA…).
La CGT Educ’action déplore des décisions brutales prises dans la précipitation, sans considération de la situation des établissements, ni de celles des collègues.
Et si notre rectorat annonce vouloir accompagner les collègues, il serait bien qu’il prenne le temps de savoir où les collègues en question souhaitent aller !
Monsieur le Ministre, face à une situation exceptionnelle du seul fait de votre Ministère, nous exigeons des moyens tout aussi exceptionnels pour permettre à tou-tes les collègues de la discipline de poursuivre leur activité professionnelle avec le minimum d’impact sur leur vie personnelle, dans les conditions de leur choix et de bénéficier, dans ce cadre, de tous les dispositifs nécessaires et répondant aux demandes des collègues. Et nous voulons rappeler qu’il n’est pas acceptable que soit proposé à des collègues, dont l’avenir professionnel est rendu incertain par les expérimentations en tous genres de l’institution, de devoir passer des concours afin de se reconvertir.
Monsieur le Ministre, vous avez pu affirmer à plusieurs reprises vouloir rendre à la voie professionnelle toute sa dignité. Cela ne peut se faire sans un minimum de considération des personnels pleinement investis.
Si nous ne sommes pas opposés à une réflexion sur l’évolution des filières tertiaires cela suppose une véritable concertation qui permette de tenir compte des équilibres des établissements, de la situation des collègues… Nous n’accepterons pas que l’avenir des filières tertiaires soit bradé.
Aussi nous vous demandons de faire savoir rapidement quelles sont les intentions de votre ministère s’agissant du devenir de la filière tertiaire.
Par ailleurs, nous vous demandons d’intervenir dans les plus brefs délais pour que les services académiques adressent officiellement à chaque collègue de la discipline afin de les informer de la situation et de la mise en place de dispositifs devant répondre au mieux à leurs attentes.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en notre attachement au service public de l’éducation nationale et aux droits des personnels.