Dans le cadre de cette FMPA, nous remercions tout d’abord les collègues de la division des personnels enseignants pour leur travail et leur disponibilité.
Le contexte actuel est marqué par une inquiétante mise en place de contre-réformes que nous n’avons cessé de dénoncer depuis des mois, et qui remettent en cause nos rôles d’agents de la fonction publique, dans un service public de plus en plus dégradé. Face au refus de négocier du ministre, les enseignants ont été contraints de se mettre en grève lors des épreuves des baccalauréats généraux, technologiques et professionnels. Cette grève est de l’entière responsabilité de nos gouvernants qui poursuivent les réformes du lycée général et du lycée professionnel, font voter la loi dite de « l’école de la confiance », tout en préparant l’affaiblissement de la Fonction publique.
Destruction de la Fonction publique.
Sur ce dernier point, nos inquiétudes au sujet de l’avenir du paritarisme ont été malheureusement confirmées par le projet de loi pour la transformation de la fonction publique. En effet, fondre les CHSCT et les CT ou déconcentrer les CAP, est une profonde remise en cause de la représentation des personnels et du paritarisme. Supprimer les CAP et/ou en diminuer les prérogatives, c’est remettre en cause le droit des agents à être informé.e.s et défendu.e.s lors des actes de gestion. Les commissions paritaires sont une garantie en matière de transparence et de traitement égalitaire des carrières des personnels, mais également une « sécurité » pour la neutralité de l’institution.
S’attaquer au paritarisme, c’est s’attaquer à ce pour quoi il existe : protéger notre bien commun, le service public. Le statut des fonctionnaires est un atout pour la population et le progrès. Les 5,2 millions d’agents de la Fonction publique sont aujourd’hui le cœur de cible des politiques dévastatrices du gouvernement. Après, l’annonce de 120 000 suppressions d’emplois, de la baisse du pouvoir d’achat du fait du gel de la valeur du point d’indice et du report des rares mesures positives du PPCR, de la hausse de la CSG et des retenues pour pension, du rétablissement du jour de carence, le gouvernement s’attaque frontalement à la Fonction publique, au Statut général des fonctionnaires et aux missions publiques qu’ils exercent, poursuivant sa politique libérale pour réduire à n’importe quel prix la dépense publique et refonder un nouveau modèle de société. Ce projet de loi pour la transformation de la fonction publique est inacceptable ! La CGT et l’ensemble des organisations syndicales de la Fonction publique le dénoncent et continuerons d’appeler les collègues à se mobiliser.
Des réformes qui compliquent l’orientation des élèves.
Pour son premier anniversaire, le système d’affectation Parcoursup a encore une fois démontré son inefficacité, et cette fois-ci de façon magistrale avec un bug très important le premier jour des résultats d’affectation. Cela a été une source de stress pour les élèves et leurs familles et ce sont les équipes éducatives qui ont dû le gérer sur le terrain. Cette procédure est décrite par le gouvernement comme plus juste, plus transparente et permettant une meilleure orientation dans le supérieur. Pour rappel à la suite du premier tour d’affectation le 9 juin 2017 de l’ancienne plateforme APB 76,5 % des candidats avait une réponse favorable et pour 61,4% cette réponse était leur premier vœu. Un premier vœu possible grâce à la hiérarchisation des vœux qui permettait une lisibilité des demandes et réduisait considérablement le risque d’affectation par défaut ou à « la loterie ». Le système actuel est d’autant plus injuste qu’il est totalement opaque. L’algorithme national n’est que l’hébergeur et l’organisateur de multitudes d’algorithmes propres aux établissements d’enseignement supérieur. Ces algorithmes locaux ne sont pas publics. Cette situation pose un sérieux problème démocratique quant au contrôle des critères et des méthodes d’affectation des bachelièr.es. La logique de sélection et de mise en place du tri social de Parcoursup s’applique également aux réformes du lycée.
Si le lycée actuel porte le sceau de la sélection et du déterminisme social, le projet de lycée du ministre de l’Education, loin de les supprimer, les accentue. En effet, ce nouveau lycée général et technologique propose de spécialiser chaque année davantage les élèves, quitte à retrancher certains savoirs et savoir-faire de la culture commune. Par exemple, les mathématiques pourront désormais facilement disparaître du cursus d’un.e bachelièr.e (ce qui n’est possible aujourd’hui que pour les séries L soit 6% des bacheliè.res). Par ailleurs, l’orientation sera encore plus précoce et déterminante. Elle se fera à l’avantage des milieux maîtrisant le mieux l’information et comprenant les implicites des « choix des élèves ». Dans ce contexte, la concurrence entre élèves dans les choix de spécialités et d’options, puis d’orientation post-bac, ne pourra que s’aggraver.
Dans son discours, notre ministre dit vouloir viser l’excellence et faire des LP des « Harvard du pro », mais sa contre-réforme va conduire à un affaiblissement de la voie professionnelle sous statut scolaire qui se traduira par un appauvrissement des spécialisations, une déqualification des diplômes, un amoindrissement des enseignements généraux en raison notamment d’une baisse des volumes horaires pour les élèves. En livrant la carte des formations, les diplômes et leur contenu, aux branches professionnelles, l’orientation des futur·es lycéen·nes sera malheureusement conditionnée à l’adaptation de l’offre de formation aux seules réalités économiques locales. Les choix des jeunes engagé·es dans la voie pro n’en seront que plus limités. D’autre part, l’allègement des grilles horaires, notamment en enseignement général, va rendre les poursuites d’études en BTS plus difficiles et appauvrir la culture générale. L’insertion professionnelle à l’issue de la scolarité ne sera pas davantage garantie. Les enfants des classes populaires voient donc leur horizon s’assombrir ! Le tout sur fond de tri social et de sélection généralisée à l’université.
Une résistance qui ne concède rien.
Toutes ces attaques ont un objectif bien précis : générer un effet de sidération afin de faire aboutir un projet libéral auquel plus grand monde ne souscrit. Pourtant, la réussite de la journée de grève du 17 juin, malgré les bricolages des autorités académiques pour faire croire que le Baccalauréat s’est passé sans encombre, montre clairement que de plus en plus de collègues opposé.e.s aux réformes. Ces derniers font désormais le choix de l’action, et la mobilisation se poursuit dans de nombreuses académies. Nous continuerons, en cette fin d’année et par la suite, à combattre pied à pied des réformes guidées par la logique du tri social, pour défendre un véritable servie public d’éducation, émancipateur et ouvert à toutes et tous. Dans ce contexte de mobilisation actuel, nous tenons ici à rappeler les revendications portées par le mouvement des personnels de l’éducation :
- Abrogations des réformes du lycée général, du lycée professionnel et de ParcourSup et retrait de la loi de « l’école de la confiance »
- Augmentation des salaires en revalorisant la valeur du point d’indice
- Résorption de la précarité en titularisant les précaires et en ouvrant des postes aux concours
- Retrait de la loi de transformation de la fonction publique
- Obtention des moyens nécessaires pour avoir des conditions de travail décentes pour les salariés et pour les élèves.
- Paiement des jours de grève.
Nous rappelons également que la CGT-Educ’Action est partie prenante de la mobilisation locale, et déterminée à se battre aux côtés des collègues contre les pressions que subissent notamment les personnels les plus précaires par de trop nombreuses directions d’établissements ou d’inspectrices et inspecteurs zélés, et ce afin d’affaiblir une mobilisation. A ce titre, nous demandons à ce que Madame la Rectrice mette tout en œuvre pour que ces pressions cessent et que les contrats des personnels soient reconduits lorsqu’ils en font la demande, sans aucune forme de chantage.