Depuis une vingtaine d’années dans l’enseignement professionnel, une quinzaine d’années dans l’enseignement maternel et primaire et une dizaine d’années dans l’enseignement secondaire général, la notion de « compétences » a envahi nos champs de travail. Peu à peu, souvent de manière isolée, nous avons été sollicités, d’abord sous forme d’incitations, maintenant sous formes d’obligations, pour remplir des carnets de compétences. Nous mêmes allons être désormais évalués selon douze compétences. Cette introduction de la notion de « compétences » dans les champs scolaires ne doit rien au hasard, mais ne doit rien non plus au succès d’une pédagogie nouvelle qui aurait conquis les professionnels de l’éducation ou les dirigeants politiques du pays.
L’Approche par compétences (APC) a été élaborée dans les entreprises pour les entreprises.
Aujourd’hui les promoteurs de l’APC* en France sont les nouveaux maîtres de l’école : OCDE*, MEDEF*, ERT*, etc.. Cette approche doit être analysée en fonctions des objectifs qu’elle sert et des besoins auxquels elle répond. En effet, si une telle notion est aujourd’hui très intégrée dans le discours éducatif officiel, la manière dont elle a envahi ce dernier champ nous montre qu’elle n’est pas neutre et qu’elle répond à des desseins politiques et économiques bien précis.
L’Approche par compétences, un outil pour diriger les travailleuses et travailleurs du système éducatif.
Non seulement l’approche par compétences permet de créer des travailleur-ses plus adaptables mais elle rapproche l’enseignement de la vie des entreprises. Tout le fonctionnement du système éducatif et le rapport aux savoirs s’en trouvent modifiés. Les enseignant·es sont eux·elles-mêmes soumis·es à l’Approche par compétence tant dans la formation que dans l’organisation de leur travail et leur carrière. La gestion managériale est l’un des avatars de l’APC* : il s’agit aussi de rendre les enseignant·es plus « performant·es », plus « adaptables » aux difficultés du métier. L’important est qu’il-elles sachent aller chercher seul·es les solutions aux problèmes rencontrés pour pallier à la suppression des dispositifs de remédiations (RASED et dispositifs Plus De Maître Que De Classe) et au manque de personnel. Les enseignant·es doivent répondre aux exigences administratives destinées à rendre le système éducatif plus « compétitif » et moins coûteux, alors que dans le même temps, la qualité des enseignements et le niveau d’exigences pour les élèves sont constamment revus à la baisse.