Les discours de Blanquer sur une rentrée « ordinaire », et « dans la joie » avec l’habituelle injonction incantatoire « nous sommes prêts !! » prennent un caractère d’indécence au vu de la situation qui devient très rapidement chaotique.
La gestion de la crise sanitaire est une grande source d’anxiété. Nous sommes passés d’un protocole très contraignant à un protocole très léger et fluctuant. En cas de Covid, les différences de traitement suivant les écoles ou établissements contribuent à l’impression d’opacité et d’improvisation angoissante. La saturation des laboratoires et les délais d’attente pour avoir les résultats des tests aggravent la situation. Il a fallu attendre la multiplication des cas et le désarroi des parents sans possibilité de garde d’enfants, pour qu’enfin des dispositifs soient accordés aux parents, dispositifs qui sont par ailleurs très insuffisants pour les parents dans le privé et discriminatoires dans la fonction publique (ASA pour les fonctionnaires, indemnités journalières pour les contractuels). De plus, le gouvernement exclut du dispositif les salariés qui ont la possibilité de télétravailler, les obligeant à cumuler garde d’enfants et travail à domicile, de fait de manière dégradée. Lisez le communiqué de la CGT-Confédération sur le télé-travail
Au bout de deux semaines à peine, c’est déjà l’épuisement pour une grande partie des collègues.
Épuisement car les conditions de travail déjà aggravées sont rendues insupportables avec les mesures sanitaires. Le port du masque en continu est très lourd et implique de forcer la voix…Quant aux masques « grand public » fournis par l’éducation nationale, ils sont déjà en nombre insuffisant et de nombreux professionnels s’inquiètent de leur efficacité. La logique d’économie risque fort d’avoir des conséquences désastreuses. Les personnels vulnérables en juin ne le sont plus pour une bonne partie d’entre eux sommés de retourner au travail, la seule concession étant de leur fournir un masque chirurgical de type 2, qui tarde souvent à venir !
Cette gestion calamiteuse se conjugue avec les conséquences des coupes franches et de la politique de démantèlement de l’éducation nationale, et alors que notre académie était déjà sinistrée.
En Italie, ce sont 80 000 nouveaux professeurs qui ont été recrutés pour faire face à la rentrée ! On mesure la différence avec cette rentrée improvisée, et bricolée dans le plus grand mépris des élèves, des personnels et des familles.
Les effectifs explosent dans de nombreux collèges, lycées et dans les écoles : les classes à 36 élèves sont la norme en lycée, les classes à 30 voire plus en collège et dans les écoles, particulièrement dans la couronne toulousaine, alors qu’au nom de la mixité sociale un collège vient de fermer ses portes et un autre est sur la même voie.
En Haute Garonne dans le 1°degré, la réserve de remplaçants est déjà épuisée et les stages de formation continue sont suspendus. Dans le second degré, partout il manque des profs. TZR et contractuels sont rentabilisés au maximum, avec une gestion comptable aux conséquences inacceptables pour les conditions de travail (emplois du temps sur 2 voire 3 établissements…).
Pourtant, les élèves après plusieurs mois sans école auraient eu particulièrement besoin de conditions de travail sereines, dans des groupes allégés ! Au lieu de cela, la réponse est de mettre en place les sempiternelles évaluations nationales stressantes qui ne répondent en aucune façon aux besoins des élèves, et qui s’avèrent très lourdes à mettre en place dans des écoles et établissements qui ont bien d’autres choses à gérer !
Des actions ont déjà eu lieu dans plusieurs établissements de l’académie (ex :grève le 10 septembre au collège de l’Union contre les sureffectifs).
La CGT Educ’action appelle les collègues à se réunir en AG ou en heure d’information syndicale pour faire un état des lieux de cette rentrée et décider collectivement des actions à mener.
Remplissons massivement les registres santé pour signaler toutes les anomalies et mettre notre hiérarchie devant ses responsabilités.
Multiplions les actions collectives pour exiger des conditions de travail décentes !
On veut tout de suite :
- Des équipements de qualité professionnelle, adaptés aux réalités professionnelles: masques transparents FFP2 notamment en maternelle et primaire (où les élèves ne portent pas de masque) pour les enseignant·es et AESH à tous niveaux du fait de la nature du métier qui impose la proximité. · Des solutions de sonorisation afin d’éviter qu’enseignant·es et AED ne soient obligé·es de forcer leur voix et ne risquent ainsi de développer des pathologies graves.
- Un véritable suivi par la médecine du travail
- Un plan d’investissement massif dans l’éducation et une réelle démarche de prévention santé permettant de garantir l’accueil durable.