Continuité pédagogique, quel bilan après plus d’une semaine ?

Voilà plus d’une semaine que les élèves, de la maternelle à l’université, ont été envoyés chez eux, conséquence de mesures bien tardives au regard de la situation.

Habitué à faire de la communication au mépris du bon sens, et de l’improvisation un mode opératoire, Blanquer donne à voir la pleine mesure de l’amateurisme et de l’incompétence qui le caractérise, n’hésitant pas à donner d’un jour à l’autre des consignes contradictoires, allant même jusqu’à contredire les préconisations des autorités sanitaires et scientifiques pour maintenir à tout prix la « continuité pédagogique ». Mais est-ce vraiment la priorité aujourd’hui, alors que nous vivons une situation de crise sanitaire à l’échelle mondiale, d’une gravité rare ?

Notre principale préoccupation doit être avant tout le bien être des élèves et de leurs familles. Or aujourd’hui, que sait-on de la situation familiale réelle de chaque élève? Comment chaque famille s’organise-t-elle pour faire face à cette crise sanitaire ? Comment les enfants vivent-ils cette situation ? Certains d’entre eux ont des parents que l’on somme d’aller travailler alors que les organisations syndicales et les salariés dénoncent les manques de nombreuses entreprises où les règles sanitaires ne sont pas respectées, situation encore plus difficile pour les précaires. D’autres ont des parents soignants, livreurs.euses, travailleurs.euses dans le bâtiment, éducatrices.eurs… Que savons-nous de l’environnement des élèves, des conditions de vie de la famille ? Qu’en est-il de l’équipement informatique, si équipement il y a, mais aussi la disponibilité des parents qui doivent dans bien des cas assurer aussi le télétravail ? Comment peuvent s’organiser les familles qui n’ont pas de matériel, qui ont en plus de leurs charges plusieurs enfants, d’âges très différents parfois ? Comment peuvent s’organiser les familles dont l’habitat est trop précaire pour que chaque enfant puisse travailler dans des conditions sereines ?

 

Continuité pédagogique, source de stress ?

 

Nous refusons que cette « continuité pédagogique » génère encore davantage de stress et soit source de malaise et conflit dans les familles. Dans un contexte où les injonctions contradictoires d’un pouvoir qui navigue à vue fabriquent de la panique à un niveau rarement atteint, nous affirmons que cette « continuité pédagogique » est un leurre, et surtout, n’est qu’une réponse démagogique à une situation qu’un pouvoir est incapable de maitriser et n’a pas su ou voulu anticiper, si ce n’est en poursuivant une politique de casse des services publics dont on mesure aujourd’hui l’état déplorable dans lequel les différentes politiques d’austérité  les ont plongés.

Cette situation va entraîner, à coup sûr, un précédent pour chacun des acteurs de l’éducation, personnels comme élèves. Nous demandons aux autorités éducatives de :

– s’assurer que chaque élève soit dans une situation de sécurité sanitaire

– garantir la protection sanitaire de ses personnels

– veiller à ce qu’au moment de la reprise, une transition soit faite pour que le cours normal des choses ne cache pas un traumatisme sur lequel nos gouvernants jetteront à coup sûr un voile de mépris. Pour l’Éducation nationale, cela veut dire des décisions justes et réalistes par rapport aux examens, afin qu’aucun élève ne soit discriminé parce qu’il aura été en marge de la « continuité pédagogique », que ce soit pour des raisons familiales, techniques ou sociales.

Dans pareil contexte, il est de notre rôle de prendre la pleine mesure de la gravité de la situation. Alors que grandit et se généralise un sentiment d’anxiété face à une situation inédite pour chacun.e d’entre nous, il est nécessaire que l’on mette en avant, non pas des paroles guerrières, mais des actes de réconfort et de solidarité. Priorité au lien avec les élèves, pour rassurer, accompagner, essayer de maintenir avant tout l’ouverture culturelle, le lien avec l’École.

Depuis une semaine, les personnels de l’Éducation nationale sont à leur poste et fournissent un énorme travail pour que ce lien soit maintenu. Ils ne sont pas, loin de là en vacances ! Aucune remise en cause des congés scolaires ne saurait être envisagée.

Nous devons également mettre devant ses responsabilités un gouvernement aux abonnés absents lorsqu’il s’agit de nous protéger, mais qui a toujours un train d’avance pour nous écraser. Il est inadmissible que la loi « d’urgence sanitaire » en discussion permette la régression des droits des salarié.e.s notamment en termes de durée de travail, congés hebdomadaires et congés payés.

Plus généralement cette crise sanitaire mondiale est une conséquence de la logique du système actuel qui privilégie les profits à court terme, au détriment des éco-systèmes, des services publics, de nos santés et de nos vies. Elle nous prouve l’urgence de rompre avec cette logique.

Ceux qui aujourd’hui semblent découvrir les vertus du service public de santé, après l’avoir démantelé, après avoir fait des économies sur les personnels et sur le matériel (les masques, le gel, les tests, les lits) qui manquent aujourd’hui cruellement, devront rendre des comptes ! Ils doivent d’ores et déjà entendre les revendications des salarié·es et agent·es des services publics en termes d’emploi, de salaires, de retraite et de pénibilité au travail par l’abrogation de la réforme des retraites et une politique d’investissement en direction des services publics essentiels tels que la santé, l’éducation, la justice, les transports et une revalorisation des salaires.

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Une réaction

  1. Bonjour
    Pourquoi ne pas proposer de reporter les examens soient reportés en septembre ?
    Juste une idée…

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