Les annonces ministérielles du 21 avril sur la reprise dans les établissements scolaires le 11 mai ont renforcé les inquiétudes nées après l’annonce présidentielle du 13 avril, alors que la fermeture des cafés et restaurants est prolongée jusqu’à fin juin au moins.
En effet, comment comprendre un tel entêtement à ouvrir de manière prématurée les établissements scolaires alors que l’Ordre National des médecins s’y oppose, estimant que le risque est grand de réintroduire le virus, et que l’institut Pasteur prévoit que cette réouverture risquera de relancer la pandémie. Le ministère persiste et nous livre un plan qui se présente comme abouti, en dehors de toute concertation avec les syndicats ou les fédérations de parents, comme à son habitude !
Encore une fois Blanquer coupe et tranche, au mépris de toute démarche construite et des préconisations sanitaires établies. Ce plan bâti à la va-vite, sans la moindre considération des réalités que vivent les personnels sur le terrain, soulève d’ores et déjà beaucoup d’interrogations.
- une rentrée étalée avec en priorité certaines sections et des groupes de 15 élèves maximum ? Sans les avoir préalablement consultées, le ministre renvoie aux collectivités territoriales la responsabilité de prendre en charge les élèves qui ne seraient pas en classe : avec quels locaux ? avec quels personnels ? Les CLAE utilisent en général l’espace classe…
- Quid des transports des élèves ? Que ce soit pour rejoindre un RPI en milieu rural ou par les transports urbains, les bus ou cars scolaires sont souvent bondés et ne permettent aucune distanciation.
- Qu’en sera-t-il de la cantine, de la restauration scolaire ? Comment les mesures de sécurité seront-elles appliquées dans les internats ?
- Une pré-rentrée le 11 mai pour tous les enseignants ? Cela signifie des réunions qui peuvent regrouper, suivant la taille de l’établissement des dizaines, voire des centaines de personnes.
- Un plan qui se veut rassurant vis-à-vis des parents puisqu’il est affirmé que les élèves qui ne seront pas en classe pourront poursuivre leur scolarité en télétravail. Avec quels enseignants ? Doit-on en déduire qu’on sera amené à travailler en présentiel et en même temps continuer à pratiquer le télétravail ? Doit-on en déduire qu’on va encore augmenter la charge de travail alors que le télétravail alourdit les conditions de travail des enseignants par une charge mentale accrue, d’autant plus pour des collègues qui ne disposent pas de matériel adapté, et pour ceux qui doivent en plus gérer leurs propres enfants…
De plus, qui peut croire que les mesures efficaces, préconisées par l’Inserm ou l’académie de médecine, pour prévenir une seconde vague – tests généralisés, masques, gels hydro-alcooliques, maintien de la distanciation sociale, etc. – pourront être mises en œuvre avec des enfants et des adolescents, dans des écoles et des établissements qui manquent de sanitaires dignes de ce nom et de médecine du travail et scolaire ?
Nous ne pouvons aussi admettre que Blanquer renvoie aux chefs d’établissements ou aux directeurs d’école la responsabilité de la gestion de la reprise, sous le prétexte de souplesse et d’adaptation au terrain. Encore une fois, les décideurs abandonnent la responsabilité aux hiérarchies intermédiaires ou aux acteurs de terrain qui n’ont les coudées franches que pour mettre la pression aux salariés ou aux parents. C’est source de dangers et d’inégalités.
Il n’est de fait pas admissible que le ministre n’ait donné aucune garantie en termes de matériel (gel, masques…). Il en est de même pour les tests alors que l’OMS préconise de les généraliser à grande échelle.
Nous avons bien compris que les motivations gouvernementales répondaient aux exigences économiques du Medef car il s’agit de remettre les salariés au travail et en ce sens le volontariat soi-disant laissé aux parents sera bien illusoire pour les familles populaires. Les adultes de ces familles assument déjà beaucoup de tâches impossibles en télétravail mais nécessaires à la société, ils et elles seront contraintes de mettre leurs enfants à l’école alors que les conditions sanitaires ne sont pas réunies, ces familles seront donc doublement en première ligne face au risque de contamination.
La CGT Educ’action réaffirme que sans toutes les protections nécessaires, il ne peut y avoir de reprise. La vie et la santé des enfants, des familles et des personnels sont prioritaires.